110                          HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
de ville de Ratisbonne, en partie au musée de Munich, se voient des personnages jouant aux cartes ou se livrant à divers exercices dans des costumes singuliers. Ces tableaux, à fond rouge, portent les armoiries des Kolmberg et des Stain de Rechtenstain, dont les descendants habitent encore la Souabe. La gravure de la page pré­cédente donne une idée du genre de décoration très particulier de ces sujets. On les a attribués au xiv° siècle; peut-être sont-ils postérieurs d'un siècle, ainsi que le Combat des Vices et cles Ver­tus , conservé également à Ratisbonne.
Les tentures à sujets religieux, remontant à une époque indéter­minée du moyen âge, sont encore assez communes dans les musées germaniques et les vieilles églises allemandes. Parmi les plus an­ciennes pièces de cette famille, on cite une tapisserie de Nuremberg où sont réunis saint Jean-Baptiste, sainte Claire, sainte Agnès, sainte Élisabeth, saint Pierre et saint Paul, puis une tenture des Douze Apôtres, dans l'église Saint-Laurent de la mème ville. Ces deux suites remonteraient au xiv° siècle ; mais c'est une pure hypothèse.
Les pièces religieuses du xv0 siècle sont nombreuses au musée National de Munich et au musée Germanique de Nuremberg. Leur dessin annonce encore un art très primitif. Le musée de Kensington, de Londres, a exposé naguère à Paris une bande fort curieuse avec légendes allemandes, ayant pour sujet la préparation à la vie monastique.
Quelque répandus que soient ces échantillons d'une industrie encore dans l'enfance, il a été impossible jusqu'ici de déterminer avec certitude le lieu de leur fabrication. C'est à peine st on est parvenu à recueillir quelques indices sur cette question délicate. Ainsi, en 1458, le conseil de la ville de Nuremberg fait tisser par les religieuses de Sainte-Catherine - du - Tabernacle une tapisserie payée 14 florins. La vieille cité allemande se trouvait mieux si­tuée que-nulle autre pour attirer quelques-uns des tapissiers no­mades qui parcourent l'Europe à cette époque, et cependant le fait que nous venons de signaler nous la montre réduite à charger dé ses commandes les nonnes d'un couvent. Ceci semblerait in­diquer qu'il n'existait dans la ville, non plus qu'aux environs, d'ouvrier de haute lice.
Le seul nom de tapissier qu'on ait rencontré jusqu'ici en Alle­magne est celui de cet artisan d'Arras, nommé ClaysDavion, qu'un voyageur rencontrait à Pes th en 1433. Nous avons eu déjà l'occa-